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Photo d'Olivier Laselle. http://olivier-laselle.tumblr.com/

mardi 21 février 2017

mercredi 28 septembre 2016

« Jeunes et Femmes » : des outils pour construire sa vie

article paru sur EGAL'ACTU
http://egalactu.com/jeunes-et-femmes-des-outils-pour-construire-sa-vie/
Le projet « Jeunes et Femmes » a été initié en 2010 par la Mission locale des Ulis (91), pour répondre aux problématiques de l’isolement, de la désocialisation, de l’échec scolaire, de grossesses précoces et/ou de violences subies par des jeunes femmes. Face aux résultats encourageants sur le territoire de la Mission locale des Ulis, ce dispositif a été généralisé aux Missions locales de toute l’Essonne. Retour sur le projet avec Sonia Lebreuilly, socio-sexologue présente depuis l’origine du projet.

Photo réalisée dans l’atelier photos proposé par Alexis Harnichard aux Ulis. Prise de vue et mise en scène réalisées par les jeunes.

AUX ORIGINES DU PROJET
En 2010, la mairie et la Mission locale des Ulis avaient identifié des problématiques récurrentes chez des jeunes femmes, suite aux retours des conseiller.e.s et lors de ces permanences d’écoute pour les habitant.e.s. En effet, de nombreuses jeunes femmes se présentaient pour demander une aide sociale ou un logement suite à une maternité. Nombreuses faisaient part d’une perte de repères et d’un désinvestissement dans leur propre parcours de vie. Ce constat d’un réel besoin sur le territoire d’un accompagnement spécifique de ces jeunes femmes a amené la ville des Ulis à créer le programme « Jeunes et Femmes ».
Aujourd’hui, « Jeunes et Femmes » reste porté par la Mission locale des Ulis. Il a été amplifié et touche maintenant 10 missions locales de l’Essonne. Au total, depuis 2010, 35 sessions ont été proposées, soit 352 jeunes femmes qui ont bénéficié du dispositif, en groupes de 12 à 15 femmes.

PUBLIC-CIBLE
Le projet vise des jeunes femmes de 16 à 25 ans, « en situation de décrochage scolaire, ou déscolarisées après leurs 16 ans, sans mobilisation réelle vers un emploi stable et/ou une formation professionnelle », nous explique Sonia Lebreuilly. « Les conseiller.e.s de la Mission locale identifient les jeunes femmes pour lesquelles des freins à l’emploi, autres que les freins « classiques », sont observés sans pouvoir nettement les identifier ou apporter de solutions concrètes. Ces jeunes femmes sont en situation de précarité sociale : certaines sont en rupture familiale et en situation d’hébergement précaire. Elles énoncent toutes un manque d’estime de soi et une forte dévalorisationCes jeunes femmes ont rarement un projet professionnel défini. Elles se définissent comme perdues dans leur parcours de vie. » Toutes méconnaissent leurs droits. En plus d’être éloignées des structures d’aides locales (CAF par exemple), elles sont également éloignées des structures médicales. Beaucoup sont mères, parfois mères célibataires. Certaines ne sortent quasiment plus de chez elles.
Elles sont également très souvent victimes de violences, ce qui est en réalité leur principal frein à l’emploi, d’après Sonia Lebreuilly : « ces violences entraînent une forte dévalorisation, un isolement et parfois des troubles psychologiques et dépressifs ». En moyenne sur 12 jeunes femmes, 10 subissent ou ont subi des violences.
Le dispositif permet souvent de révéler ces situations : beaucoup de jeunes femmes parlent des violences qu’elles subissent pour la toute première fois pendant le dispositif. Il permet à ces jeunes femmes de se recentrer sur soi, de travailler ces blessures et ces situations de vie difficiles, pour ne pas rester victime.

UN « PARCOURS DE CITOYENNETÉ » DE 3 SEMAINES
Afin de remobiliser les jeunes femmes en manque de repères sur leur parcours de vie, leur donner envie de reprendre un parcours professionnel, un stage de 3 semaines est organisé au sein des Missions locales. Pendant le stage, les jeunes femmes rencontrent des professionnel.le.s, des associations (Mouvement du Nid, Paroles de Femmes 91…), visitent des lieux d’exercice de la citoyenneté (Assemblée nationale par exemple) ou encore des lieux culturels (musées, expositions…). Le fil rouge du parcours : la compagnie de théâtre forum « Naje » (Nous n’abandonnerons jamais) qui intervient une demi-journée par semaine. Grâce à la compagnie, les jeunes femmes jouent des scènes de leur vie quotidienne et réfléchissent collectivement à faire évoluer leurs situations.

OBJECTIFS ATTEINTS ?
Les résultats sont encourageants, nous indique Sonia Lebreuilly : 74% des jeunes femmes sont dans une démarche active vers l’emploi immédiatement suite à la session (emploi, stage, formation, entrée dans un dispositif de retour à l’emploi). Ces résultats se renforcent dans le temps : plus des trois quarts des jeunes sont en emploi et/ou en formation 6 mois après la fin du stage.
Les jeunes femmes « témoignent également d’une amélioration de la confiance en soi, du rapport au corps et un engagement dans leur parcours de vie. 73% d’entre elles ont entamé des démarches personnelles immédiatement suite à la session (CAF, CPAM, journée d’appel, rendez-vous avec un.e juriste, rendez-vous médicaux…) ».
Sonia est optimiste. Elle met en lumière de beaux parcours qui ont pu émerger grâce au dispositif : « je repense à l’une d’entre elles, qui était alors à la rue, persécutée par un conjoint violent. En quelques mois elle a su mettre en place des stratégies pour s’en sortir, elle est aujourd’hui en foyer sécurisé, avec un emploi. Sur une plus ancienne session, une jeune femme, alors en situation de prostitution, a su s’en sortir suite à la mise en sécurité dans un foyer. Aujourd’hui elle a un CDI, son appartement et de beaux projets en tête ! »


PERSPECTIVES
Le dispositif « Jeunes & femmes » est aujourd’hui clairement reconnu sur le territoire essonnien par les partenaires et les institutions. Il est un outil précieux pour l’accompagnement des jeunes femmes en précarité. Il est également identifié parmi les bonnes pratiques en termes d’égalité au niveau national : le dispositif est en effet référencé par le Haut conseil à l’égalité dans le rapport EGATER ainsi que dans le rapport sur l’Education à la sexualité remis en juin dernier aux ministres concernées.
Le dispositif peut s’adapter au public visé : il a été retravaillé pour les jeunes hommes (dispositif « EGAUX »), ou avec des femmes plus âgées, en précarité.

Merci à Sonia Lebreuilly !

mardi 6 septembre 2016

Interview sur Egal'Actu pour parler d'éducation à la sexualité


http://egalactu.com/3-questions-a-sonia-lebreuilly-socio-sexologue-et-educatrice-en-sante-sexuelle/



3 questions à Sonia Lebreuilly, socio-sexologue et éducatrice en santé sexuelle

Sonia Lebreuilly est sociologue. Elle s’est spécialisée en santé sexuelle et droits humains. Elle a également été chargée de mission égalité pour la ville des Ulis pendant 5 ans.
AUJOURD’HUI, COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS L’ÉDUCATION À LA SEXUALITÉ RÉALISÉE DANS LES ÉCOLES, COLLÈGES, LYCÉES ?
De bonnes pratiques sont à mettre en avant ! Je pense que nous sommes sur un tournant actuellement, on ose penser l’éducation sexuelle du point de vue de la santé sexuelle, c’est-à-dire axée sur l’estime de soi, le respect de soi, la connaissance de son corps, en abordant des notions essentielles que sont le désir et le plaisir. Le rapport au HCE sur l’éducation à la sexualité, remis en juin dernier, marque bien cette tendance.
Je déplore que l’éducation à la sexualité ne soit pas voire peu effectuée dans les écoles par contre ! La sexualité des enfants est mise de côté. Il s’agit ici d’une sexualité basée sur la découverte de son propre corps, son appropriation et qui se construit dans la relation à l’autre. Osons penser la notion de sexualité dans la continuité : il y a une sexualité d’enfant, une sexualité d’adolescent.e et une sexualité d’adulte, tout en veillant à ne pas projeter les unes sur les autres.
QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DE NE PAS PARLER SEXUALITÉ AUX JEUNES?
La sexualité ça s’apprend. Observons le monde animal pour nous en rendre compte, ils ont une sexualité aux vus et aux sus de toutes et de tous qui permet aux petits d’apprendre en observant.
Il me semble nécessaire de rappeler que pour eux comme pour nous, la sexualité est basée sur des mécanismes de maturation et d’apprentissages. Nous apprenons en observant notre corps, le corps de l’autre, en échangeant ou recherchant des informations.
Éduquer à la sexualité c’est donc contribuer et favoriser le développement psycho-sexuel des enfants, renforcer l’estime de soi, le respect de son corps et autonomiser les adolescent.e.s, tout en favorisant leur bien-être ! Les jeunes iront chercher l’information ailleurs si on ne leurs propose pas d’éducation sexuelle, au risque de recevoir une mauvaise information.
COMMENT ÉDUQUER À UNE SEXUALITÉ ÉGALITAIRE ?
La sexualité est à mon sens un important vecteur d’égalité. Comment agir ?
La sexualité est le résultat d’un mécanisme d’apprentissage et de maturation qui débute dès le plus jeune âge. Elle n’est donc pas innée. On peut alors s’interroger sur l’apprentissage de notre sexualité. Elle passe par l’identification à des modèles, par la découverte du corps et par l’information (interventions scolaires par exemple). Nous pouvons donc agir pour promouvoir une sexualité égalitaire.
Dès la maternelle, il est important de veiller aux stéréotypes pour ne pas les véhiculer et éduquer les enfants de manière égalitaire. Un travail sur les sensations de plaisir et de bien-être peut également être engagé avec les enfants. Avec des outils adaptés, les enfants sont amenés à développer leurs sensations et à les identifier. Ce dernier point est primordial. Il est à noter une culture différente de l’émotion entre les filles et les garons qui peut engendrer une incompréhension à l’âge adulte dans les couples. Les hommes sont définis comme moins sensibles, trop peu dans l’émotion à l’opposé des femmes. Cela nous interroge sur l’impact de l’éducation que nous portons aux enfants et aux attentes que nous projetons sur les filles, différemment des garçons.
Laissons chacun.e être sensible et montrer ses émotions, explorer ses sensations et énoncer ses envies. L’impact sur la sexualité n’en sera que positif.
En ce qui concernent les adolescent.e.s, nous savons informer sur les risques liés à la sexualité, n’oublions pas d’informer sur le plaisir et le bien-être lié à la sexualité ! Il est nécessaire de parler de la normalité de la masturbation pour découvrir son corps et s’initier au plaisir, et d’aborder le plaisir sexuel féminin et masculin d’un point de vue très pratique.
Pour rendre cela possible, la formation des professionnel.le.s est un axe indispensable.